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Page:Tardivel - Mélanges, Tome I, 1887.djvu/194

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MÉLANGES

mouches, la chaleur, les durs travaux du défrichement ne les font pas reculer ; ils n’hésitent pas à les affronter. Mais la solitude les épouvante. Et ce sentiment honore grandement nos colons canadiens : ils craignent de mourir sans le secours de notre sainte religion. Aussi, rétablissement d’une nouvelle colonie se fait-il toujours lentement, tant que le prêtre n’y est pas établi. Mais mettez un prêtre au fond du bois, dans le canton le plus reculé, le plus inaccessible, et vous avez plus fait pour la colonisation que si vous dépensiez cinquante mille piastres en chemins et en défrichements. La confiance naît aussitôt ; les colons arrivent, nombreux et pleins de courage, et dans peu d’années, vous voyez surgir une magnifique paroisse là où, naguère, il n’y avait que des terres incultes. Mgr l’Archevêque de Québec comprend cette grande vérité, et voulant le succès de la colonisation, il n’a pas hésité à donner un curé à Saint-Zacharie de Metgermette, bien que le nombre des colons qui s’y trouvent aujourd’hui soit comparativement fort restreint. Et l’avenir, soyons en convaincus, donnera raison à Sa Grandeur.

Après avoir, fait part aux colons de cette bonne nouvelle, le R. P. tire de son inépuisable répertoire quelques anecdotes amusantes. Puis, nous récitons ensemble le chapelet et les prières du soir.

Le lendemain matin, mercredi, le P. Lacasse, M. Roy, deux jeunes gens venus pour visiter les terres et moi, nous partons pour explorer le canton. Nous nous rendons d’abord chez M. F. Gagné, établi à quatre milles du lac, au milieu du bois. M. Gragné n’a commencé ses travaux que l’automne dernier, et déjà il a un magnifique défrichement bien ensemencé. Il aura une bonne récolte cet automne. Après avoir passé quelques instants avec ce brave colon, nous continuons notre marche à travers la forêt. Nous visitons le lot de M. Roy sur lequel il y a un bon pouvoir d’eau. M. Roy se propose d’y commencer la construction d’un moulin dès cet été, je crois. Partout, nous trouvons de belles terres, bien boisées et bien arrosées. Sur les coteaux il y a de superbes « érablières » et dans les