Page:Tardivel - Mélanges, Tome I, 1887.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
MÉLANGES

mer du poignard. Marie-Louise reconnaît Racette et l’appelle son oncle ; celui-ci, aidé de ses camarades, l’enlève à Djos et la confie à une de ses sœurs, qui tient une maison malfamée dans la petite rue Saint-Joseph. Son but est de perdre l’enfant et de seconder ainsi les perfides desseins de son beau-frère, Eusèbe. Geneviève Bergeron, malheureuse fille, déshonorée par Racette, surprend la conversation de ce dernier avec sa sœur. Elle voit en songe la mère de Marie Louise qui la supplie de sauver son enfant. Touchée de repentir, Geneviève s’échappe de la maison avec l’orpheline et, grâce à l’intervention du curé de Québec, les deux fugitives trouvent un refuge au Château-Richer.

Cependant Djos, qui écoute volontiers les conversations destinées à des oreilles autres que les siennes, s’est convaincu, à la suite de quelques paroles échangées entre Asselin et le chef Saint-Pierre, que Marie-Louise est sa sœur. Il a aussi découvert un complot tramé par les brigands pour voler son oncle Eusèbe qui a commis l’imprudence de converser avec ces escrocs. Il prend la généreuse résolution de faire échouer leur projet. Dans ce but, il se rend à Lotbinière et se met au service d’Asselin. Personne ne se souvient de lui. Il parvient toutefois à faire comprendre à Noémie Bélanger, toujours impressionnable, qu’il est l’héritier de Jean Letellier. Plusieurs habitants le croient et Eusèbe, qui commence à le redouter, se décide à le renvoyer. Le soir même où Djos doit partir les voleurs arrivent. Le muet veut donner l’alarme, mais les brigands se saisissent de lui et le garrottent ; puis, après avoir mené leur entreprise à bonne fin, ils placent l’infortuné Djos dans un vieux canot rempli de fentes et lancent cette embarcation à l’eau. Le muet se recommande à la Bonne Sainte-Anne ; il fait vœu de se rendre, pieds nus et nu-tête, au sanctuaire de la Sainte. Au moment où il va périr, André Pagé, cultivateur de l’endroit, vient à son secours et l’arrache à la mort.

Djos commence aussitôt son pèlerinage à Sainte-Anne. Son absence de Lotbinière excite des soupçons. Tous, excepté Noémie Bélanger, le croient coupable de