ce rapport il est sans rival et espérons qu’il restera sans imitateur.
Je pourrais remplir des colonnes entières de comparaisons merveilleuses tirées du livre de M. Lemay, car presque chaque page en contient deux ou trois, toutes plus étonnantes les unes que les autres. Je me contente de quelques-unes, prises au hasard ; je les livre, sans commentaire, à l’admiration du lecteur.
« Sa petite tête prenait encore, parfois, l’expression de gaité mutine des papillons qui dansent dans les rayons du soleil. »
« Les caps s’étendent, de chaque côté, comme des ailes de chauves-souris. »
« Le liquide descendit dans les gosiers avides, comme des filets d’eau qui s’enfoncent dans les fentes des rochers. »
« Ces pensées agitent les esprits du muet comme les vents agitent les eaux. »
« Le souvenir de la femme qui l’a tant aimée revient à sa mémoire, comme un jonc que le canot a plié revient à la surface de l’onde. »
« Des éclats de rire qui montaient comme des feux d’artifice. »
« Les contrevents de la maison d’en face s’étaient ouverts comme des yeux endormis depuis longtemps »
« Ces douces rêveries qui révèlent l’amour comme les vapeurs révèlent la chaleur des sillons nouveaux. »
« Le souvenir de ces trois individus… surgit dans son esprit comme une brume dans la plaine »
« Les moindres détails des agissements de ce garçon revenaient à leur mémoire et prenaient des proportions énormes comme les joncs qui flottent dans le mirage des eaux. »
« Leurs regards se rencontrent souvent et se confondent comme deux sources vives, sorties de deux rochers opposés. »
Mais voici le bouquet :
« Les framboises avaient rougi le fond du panier, comme la honte ou le dépit rougissait en ce moment les joues de la femme coupable. »
C’est le sublime du ridicule, et si je n’avais pas vu cela imprimé en blanc et en noir je n’aurais jamais cru qu’un écrivain pût arriver jusque-là.