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MÉLANGES

on voit la main de l’auteur qui les fait mouvoir comme des marionnettes. Ainsi, au deuxième acte, troisième tableau, la scène représente une route solitaire à Saint-Denis. On voit d’abord Camel qui conspire avec un inconnu contre la vie de Papineau ; ces deux personnages s’en vont et Michel, qui avait surpris leur conversation, sort pour avertir Pose. Puis comme Michel disparaît, on voit arriver Georges Laurier et Hastings, qui semblent sortir de terre, tant leur présence en cet endroit est peu justifiée et inattendue. Ensuite, quand ils sont partis, Rose et Michel surgissent comme par enchantement. Tout cela est guindé et sent le novice.

La scène qui se passe dans la cabane à sucre, où Papineau fugitif rencontre des patriotes, également fugitifs, et où il leur débite un grand discours politique, est fort absurde. Mais la dernière scène est la plus abracadabrante de toutes. Je laisse la parole à l’auteur :


« Le décor représente un paysage de la fin de novembre, sur la frontière du Canada et des États-Unis. À l’avant dernier plan un pont sur une rivière, et un corps de garde, à droite. Au dernier plan à gauche une maison de douane américaine. À l’autre bout du pont, du même côté, un mât au bout duquel flotte le pavillon des États-Unis. Dans le lointain un village américain. Au lever du rideau Papineau est debout sur le pont, au pied du mât, avec Pacaud occupé à abaisser le pavillon. Rose, en amazone, se tient à l’entrée du pont, du côté canadien, faisant face à une escouade de volontaires épaulant leurs fusils dirigés sur Papineau. Georges, Dulac, Desrousselles, et quelques autres patriotes sont prisonniers. »


Comment se fait-il que tout ce monde soit réuni sur ce pont ? Et surtout comment se fait-il que les soldats n’aient pas arrêté Papineau, Pacaud et Rose en même temps que les autres ? Voilà ce que personne ne pourra jamais expliquer d’une manière plausible.

Rose apostrophe les soldats et les traite d’alguazils (textuel), reproche qui a dû leur fendre le cœur. Puis Pacaud jette le drapeau américain sur les épaules de Papineau et débite une phrase, ce qui fait que les soldats baissent les armes. Michel, que l’auteur avait