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Page:Tardivel - Mélanges, Tome I, 1887.djvu/353

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OU RECUEIL D’ÉTUDES

maîtres, des Canadiens-français ! C’est une flétrissure que, Dieu merci, nous ne méritons pas. Oui, grâces en soient rendues à la divine Providence, nous pouvons lever fièrement la tête en face des Anglais et leur dire : Nous sommes vos égaux au moins.

Quand donc les Anglais ont-ils été nos maîtres ?

Était-ce du temps de M. de Frontenac ? Était-ce pendant ces longues et héroïques luttes que nos pères ont soutenues contre les colons de la Nouvelle-Angleterre ? Était-ce à la bataille de Carillon ? Était-ce à la bataille de Sainte-Foye ? Était-ce même à la capitulation de Québec et de Montréal ? Non. Les Anglais étaient si peu nos maîtres qu’ils ont dû nous garantir, par un traité solennel, le libre exercice de notre religion.

Quand donc les Anglais ont-ils été nos maîtres ? Était-ce pendant les luttes héroïques que nos hommes d’État leur ont livrées durant la première moitié de ce siècle, luttes superbes par lesquelles ils ont arraché, une à une, à la fière Albion, nos libertés politiques ? Était-ce pendant ces longues années où l’Angleterre a tenté tous les efforts imaginables pour engloutir la race canadienne-française, efforts demeurés stériles, grâce à l’énergie et à la vigilance de notre patriotique clergé ?

Est-ce aujourd’hui que les Anglais sont nos maîtres, aujourd’hui que la province de Québec jouit d’une autonomie complète et qu’elle peut, si elle le veut, jouer dans la confédération un rôle très important et tenir la balance du pouvoir ?

Non, M. Jules Simon, les Anglais n’ont jamais été nos maîtres, et ils ne le seront jamais. Et sachez, monsieur, que la cession du Canada et la conquête de l’Alsace-Lorraine sont choses bien différentes.