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OU RECUEIL D’ÉTUDES

CANADIENS ET ESQUIMAUX


14 janvier 1882


Un correspondant de la Minerve a fait dernièrement, en parlant d’instruction primaire, un rapprochement assez singulier entre les Canadiens et les Esquimaux. L’idée nous paraît aussi bonne qu’originale ; nous allons l’exploiter en écrivant quelques articles sur les Canadiens et les Esquimaux au point de vue social. Nous sommes persuadé que les lecteurs suivront ces articles avec intérêt et profit, car on s’intéresse toujours à ce qui est peu connu, et c’est en se comparant aux autres nations de la terre qu’un peuple apprend à connaître ses défauts. Quant à leurs qualités, les peuples, comme les individus, les connaissent toujours assez.

Nous commencerons, si vous le voulez, par l’instruction : l’instruction chez les Canadiens et les Esquimaux. Vous allez nous dire qu’il n’y a pas de comparaison possible entre ces deux peuples au point de vue de l’instruction. Attendez un peu, c’est ce que nous allons voir. Vous vous prononcerez ensuite.

Mais avant d’aller plus loin, et pour écarter les préjugés, nous devons déclarer que nous ne sommes pas de ceux qui cherchent sans cesse à dénigrer notre système d’éducation, qui se plaisent à représenter les Canadiens comme un peuple excessivement arriéré sous le rapport de l’instruction, qui soupirent après une révolution radicale, dans nos écoles, nos collèges et nos couvents. Nous ne sommes pas de ceux-là, Dieu merci ; au contraire, ce sont ces révolutionnaires en herbe que nous allons combattre.

En comparant les Canadiens aux Esquimaux nous n’entendons donc pas rabaisser nos compatriotes ; nous voulons tout bonnement réhabiliter les Esquimaux, que le correspondant de la Minerve a tenté de ravaler, tout en parlant mal des Canadiens.

Le correspondant de la Minerve est M. Chs. B. Rouleau, magistrat de district, que nous regrettons beaucoup de voir dans cette galère.