Au-dessus de la porte principale, un protestant fanatique s’était avisé d’afficher l’inscription suivante, exécrable de forme et de fond :
Turk, Jew or Atheist
May enter here, but not a Papist.
Mais les irlandais catholiques sont, pour le moins, aussi bons versificateurs que les protestants, et beaucoup plus spirituels. Aussi l’un d’eux ajouta-t-il aussitôt à l’inscription protestante le post-scriptum que voici :
The lad who wrote this, wrote it well,
For the same is written on the gates of hell.
Dans Bandon et Bantry il y a beaucoup de vieilles maisons qui tombent en ruines et qui donnent un aspect triste à ces deux endroits.
La diligence qui nous a transportés de Bantry à Glengarriffe n’est pas une petite machine, je vous prie de le croire. C’est un immense char découvert : cinq bancs à quatre places chacun, juchés très haut ; au-dessous, une espèce de caveau où l’on entasse les bagages. Nous étions justement vingt personnes, hommes et femmes ; et comme plusieurs de ces dames avaient plus d’embonpoint et de carrure que de raison, nous étions empaquetés là-dedans à la façon des sardines. Passe pour 12 milles. Mais demain nous avons 42 milles à faire pour aller à Killarney ! Faisons des vœux pour que quelques-unes de ces délicates créatures se décident à passer une journée ou deux ici.
Une dernière observation avant de serrer ma plume pour ce soir : les chemins à voiture en Irlande sont tout simplement magnifiques[1] partout. Ils sont tous macadamisés et entretenus, même dans ces régions lointaines et sauvages, avec un soin incroyable. Pas la moindre ornière, pas la moindre butte,
- ↑ Pendant la famine de 1847-48, le gouvernement anglais fit construire plusieurs de ces belles routes afin de donner de l’ouvrage à la population de ces régions éprouvées.