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POUR LA PATRIE

l’idée de séparation, non en la blâmant, mais en l’exagérant de toutes manières, en faisant de ce mouvement un épouvantail pour tous les Anglais du pays, en le compromettant aux yeux des Canadiens-français. Vous saisissez bien, ma pensée, n’est-ce pas ?

— Oui, parfaitement.

— Eh bien ! au revoir. J’espère que, désormais, votre journal aura des articles très forts en faveur de la séparation. Si la chose ne vous convient pas vous avez toujours l’alternative que vous savez. Au revoir !

Et là-dessus ils se quittèrent.

Dès ce moment, Saint-Simon cessa de lutter. Il se livra à son rôle infâme avec tant de zèle que Montarval lui en témoigna son admiration. D’exagération en exagération, d’excès en excès, il en était arrivé finalement à écrire l’article criminel que Lamirande désavoua publiquement devant le parlement.

Ce désaveu lui valut un torrent d’injures de la part du journaliste déchu qui traita son ancien ami de pusillanime, de peureux, de lâche, de traître à sa race. Il poussa le cynisme jusqu’à dire que Lamirande était vendu corps et âme aux Anglais !