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POUR LA PATRIE

— Si les rédacteurs n’ont plus rien à dire, ils pourraient au moins jouer des ciseaux. Surtout, ils pourraient laisser faire leurs correspondants et leurs reporters. Plus de comptes rendus des réunions publiques. Quelques lignes perdues au fond des Faits divers. Un étranger qui lirait le Mercure des trois derniers jours ne pourrait jamais s’imaginer que nous passons par une crise qui met en péril notre avenir national. Mon cher ami, tu connais assez les hommes pour savoir que ce n’est pas là un simple effet de l’épuisement intellectuel de ces messieurs. C’est le cœur qui est épuisé.

— J’avoue que cela a mauvaise mine.

— Oui, très mauvaise mine. Du reste, voici un mot que je viens de recevoir d’un ami de Montréal. Il dit : “Tu as dû remarquer le silence du Mercure depuis trois jours, et tu dois en soupçonner la cause : les gens de ce journal sont gelés. Le directeur est monté à Ottawa, ces jours derniers. Je sais qu’il s’est entretenu longuement avec les ministres. Depuis son retour, le Mercure a pris l’intéressante attitude que tu vois. Je tiens de bonne source que les impressions