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POUR LA PATRIE

— Pas encore, mon enfant, pas encore, dit en souriant doucement le bon religieux. Votre rôle n’est pas accompli, loin de là. Restez dans la politique, c’est-à-dire à votre poste, et attendez patiemment que Dieu réponde à votre sacrifice comme Il l’a promis et comme Il le fera, très certainement. Ces faiblesses humaines que vous déplorez, en les exagérant peut-être un peu, sont une grande grâce. Elles vous tiennent dans l’humilité, sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu. Songez à saint Paul qui avait été ravi au troisième ciel, et qui nous dit : « De peur que la grandeur de mes révélations ne me causât de l’orgueil, Dieu a permis que je ressentisse dans ma chair un aiguillon, qui est l’ange de Satan, pour me donner des soufflets. » Je vous trouverais bien à plaindre et bien exposé, mon enfant, si vous étiez exempt de toute faiblesse, si vous ne craigniez de tomber à chaque instant : vous seriez une proie facile au démon de l’orgueil.

— Mais, mon Père, non seulement je crains de tomber, je tombe effectivement !

— Et quand même cela serait ! Relevez-vous, voilà tout. Si, pour vous rendre chez vous, vous étiez obligé de parcourir un chemin