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POUR LA PATRIE

niment moins vague. Il sait, à n’en pouvoir douter, qu’il ne peut faire les choses à moitié ; que pour pouvoir revenir à Jésus-Christ il faut qu’il quitte l’horrible secte où il s’est engagé et dont il possède tous les secrets. Non seulement il devra la quitter — cela ne serait rien — mais il devra la dénoncer, il devra, pour réparer le mal qu’il a commis, divulguer les ténébreuses machinations auxquelles il a été mêlé. C’est là, il ne l’ignore pas, son arrêt de mort. D’un côté, encore quelques années d’une existence misérable, puis une éternité de malheur. De l’autre, un coup de poignard, puis un bonheur sans fin. C’est ainsi que, dans une lumière crue, la situation, nette et tranchée, se présente à son esprit. En théorie, le choix est facile : l’enfer d’un côté ; le ciel de l’autre, et entre les deux quelques années de vie en plus ou en moins. Qui pourrait hésiter ? Et cependant qui d’entre nous n’hésiterait pas ? Que dis-je ! Qui d’entre nous ne sent pas que, à moins d’une grâce spéciale, c’est l’enfer et les quelques années de vie qu’il choisirait ? Tant est faible, incroyablement faible la nature humaine déchue ! Cette faiblesse désespérante, Ducoudray l’éprouve.