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POUR LA PATRIE

chera pas, qu’on le laissera vivre pour contempler les cadavres de ses prêtres.

— C’est peut-être encore un trait de génie, fait sir Henry, mais moi, à votre place, j’aurais certainement fait des menaces à l’évêque lui-même !

— C’est que vous, Marwood, vous connaissez les hommes du monde. Moi, je connais les adorateurs du Christ notre Ennemi. Il est toujours dangereux de leur fournir l’occasion de poser en martyrs. On ne sait jamais à quel excès d’immolation de soi-même peut les porter le fanatisme que celui qu’ils adorent leur souffle. Si j’avais fait des menaces à l’évêque, à l’heure qu’il est, sans aucun doute, tout serait dévoilé. En menaçant les prêtres, j’espère au moins le faire hésiter assez longtemps pour nous permettre de triompher ici, au parlement. Une fois la loi votée, quoi qu’il arrive ensuite, nous aurons pour nous la force du fait accompli qui est toujours une puissance.

— Je vous accorde, dit le premier ministre, que votre plan est, en effet, merveilleux. Décidément, vous avez un talent hors ligne !

— Si ce plan ne réussit pas, répliqua Mon-