Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
260
POUR LA PATRIE

la preuve d’une conspiration maçonnique contre la province, il avait réuni ses collègues, ils avaient préparé une lettre collective, avec pièces à l’appui ; cette lettre allait lui être communiquée ; et, ainsi armé, il vaincrait l’esprit de parti ; le patriotisme l’emporterait enfin, les députés repousseraient le néfaste projet du gouvernement, et la Nouvelle France naîtrait sur les ruines de la secte antichrétienne.

Tel était le riant tableau qui réjouissait son cœur, qui absorbait toute son attention, qui le rendait insensible aux objets extérieurs, au mouvement vertigineux du train, au tournoiement des champs et des bois. Aucune pensée d’ambition, même légitime, ne ternissait la beauté de ce tableau. Si, jadis, dans ses rêves d’avenir, il n’avait pas pu toujours éloigner de son esprit la pensée qu’il serait peut-être un jour le chef de cette nation qui allait enfin se constituer libre de toute entrave ; s’il avait parfois même désiré ce poste afin d’y travailler à la gloire de Dieu et au bonheur de son pays ; la grande douleur par laquelle il venait de passer avait purifié davantage cette âme déjà si noble, si désintéressée. Ses aspirations politiques ne renfermaient plus aucun élément