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POUR LA PATRIE

beaucoup disent qu’on aura grand soin de ne pas me toucher afin que, voyant mourir mes prêtres et ceux des autres diocèses, les uns après les autres, je puisse voir toute l’étendue du désastre que j’aurai causé…

— Mais, ne voyez-vous pas, Monseigneur, s’écria Lamirande avec l’énergie d’un homme qui se sent submergé par les flots et qui se cramponne au moindre objet, ne voyez-vous pas que cette unanimité dans les menaces indique clairement que tout cela est sorti d’une seule et même tête ?

— Oui, répond tristement l’évêque, d’une seule tête, sans doute, mais d’une tête qui dirige mille bras !

— Il n’est pas possible, s’exclama le député, il n’est pas possible que dans cette province il y ait mille assassins comme celui qui a frappé Ducoudray, ou cinq cents, ou cent, ou cinquante, ou même vingt-cinq !

— Vous admettrez au moins, cher monsieur, qu’il y en a trois, puisque trois ont poursuivi ce pauvre Ducoudray. Un seul l’a frappé, c’est vrai, mais vous ne doutez pas, je suppose, que les deux autres fussent également décidés à le faire. Or que de sang ne