Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/297

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mais je l’ai dit, ils sont véritablement hypnotisés. Cet ensorcellement ne peut durer longtemps. Nous ne voulons pas que, lorsqu’ils sortiront de cet assoupissement contre nature, lorsque le patriotisme reprendra chez eux ses droits, ils se trouvent au fond de la fosse qu’on creuse sous leurs pas. Nous ne le voulons pas, je le répète, dans notre propre intérêt, autant, plus même, que dans le leur.

Ce discours si vrai, si franc, si lumineux créa une vive impression sur la Chambre. Plus d’un député français se sentit tout honteux d’être obligé d’avouer, au fond de son cœur, que cet Anglais protestant venait de faire à la députation du Canada français une leçon aussi terrible que bien méritée.

Montarval se leva pour répondre. Peu d’applaudissements. Malaise étrange sur la Chambre.

Le ministre s’aperçut qu’il faudrait peu de chose pour déterminer une véritable panique parmi les partisans français du cabinet. Il lisait sur leur figure les doutes et les hésitations qui les tourmentaient. En un instant, il comprit quel remède il fallait appliquer à la situation. Avant de commencer son discours,