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POUR LA PATRIE

nommé un comité spécial pour examiner cette accusation, entendre la preuve et faire rapport.

Ces paroles étranges, prononcées d’une voix forte et pénétrante, causèrent, il est à peine besoin de le dire, un profond émoi parmi la députation et dans les tribunes. Une sourde rumeur remplace le silence de tout à l’heure. En parlant, Lamirande, quoi qu’il s’adressât au président, comme le veut l’usage parlementaire, avait tenu son regard fixé sur Montarval qui, malgré son audace, n’en put soutenir l’éclat. Visiblement, le ministre était terrifié. Il se remit, cependant, bientôt. Son intelligence hors ligne lui permit de saisir la situation. Lamirande sait tout, se dit-il, mais il ne peut rien prouver. Mes lettres de menace ont produit leur effet : l’archevêque a refusé de lui remettre nos archives. Il porte cette accusation pour gagner du temps et dans l’espoir que l’archevêque changera d’idée.

Aussitôt que le calme fut rétabli, Montarval se leva :

— L’honorable député de Charlevoix, dit-il avec son mauvais sourire, a oublié une chose pourtant essentielle : il n’a pas offert de prouver son accusation, encore plus vague qu’elle n’est