Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
335
POUR LA PATRIE

là, cher Papa, ce qui me fait de la peine, et c’est pour vous en parler que j’ai écrit cette longue lettre que j’ai mis six jours à vous écrire. Je veux faire tout ce que Jésus-Christ nous a dit de faire, car je veux aller au ciel et non pas en enfer. Quand j’ai parlé aux sœurs et leur ai demandé de me laisser faire ma première communion au mois de mai prochain, elles m’ont dit que j’étais trop jeune pour comprendre ce que c’était que de communier, qu’il faudrait attendre au moins un an, peut-être deux. Et si je venais à mourir, je n’irais donc pas au ciel, car le ciel n’est ouvert qu’aux enfants baptisés qui meurent avant de savoir ce que Jésus-Christ a ordonné, et à ceux qui, étant assez vieux pour savoir ce qu’il ordonne, le font de leur mieux. Et moi, je suis assez vieille pour savoir que Jésus-Christ veut que nous communiions. C’est là, cher Papa, ce qui me fait tant de peine. Souvent je me réveille dans la nuit, et j’ai peur. Je vous ai écrit cette longue lettre pour vous montrer que je comprends mon catéchisme, et pour vous demander d’écrire à la Mère Supérieure qu’elle ait la bonté de me laisser faire ma première communion cette année. Alors, si je