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POUR LA PATRIE

Vers onze heures, Lamirande et Leverdier gravissaient le perron de l’archevêché de Montréal. Tous deux étaient en proie à une vive émotion et le cœur leur battait comme s’ils venaient de faire une longue course. « Venez me voir au plus vite », voilà tout ce que disait la dépêche de l’archevêque ; mais c’était assez pour faire renaître l’espoir dans le cœur des deux amis.

— Cela ne peut signifier qu’une chose, s’était écrié Leverdier : Monseigneur, cédant à la pression que les prêtres ont dû exercer sur lui, est revenu sur sa décision et va te livrer les archives de Ducoudray.

— Je le crois fermement, moi aussi, fit Lamirande ; mais une crainte m’obsède. J’ai peur que même cette preuve ne soit inefficace. J’ai peur que les prévisions de Monseigneur ne se réalisent et que la majorité ne reste, malgré tout, du côté du gouvernement. Vaughan m’a déclaré formellement, hier soir, que quand même mon accusation serait prouvée, il n’en serait pas moins favorable au projet. Et, tu le sais, sept ou huit députés ne jurent que par lui. Je comptais particulièrement sur Vaughan parmi les députés non