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POUR LA PATRIE

moment la voix intérieure cessa de se faire entendre, et il descendit à l’abîme sans plus de résistance.

— Comme vous le voyez, lui dit Montarval, lorsque les deux furent rendus dans un cabinet particulier réservé aux ministres ; comme vous le voyez, la position est critique. Il faut se montrer à la hauteur de la situation. Jusqu’ici votre rôle a été facile. Vous nous avez aidés en combattant notre politique, en nous attaquant, en nous injuriant. Ce rôle est fini. Maintenant vous devez en prendre un autre tout opposé.

— Vous ne voulez pas dire que je dois parler en faveur de votre projet de constitution que j’ai condamné avec tant de violence ?

— Vous ne parlerez pas, si cela vous gêne. À l’heure qu’il est, du reste, les paroles sont inutiles. Mais vous voterez avec nous.

— Voter cette constitution que j’ai tant dénoncée, et cela au moment même où tous mes compatriotes la repoussent avec indignation ! Mais vous voyez bien que c’est une impossibilité. Je serais à jamais déshonoré !

— Et si vous ne la votez pas, vous serez non seulement déshonoré, mais ruiné par dessus le marché.