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POUR LA PATRIE

visite de charité que tu fais à un étranger malade.

La porte s’ouvrit et Lamirande se trouva face à face avec Aristide Montarval, jeune Français, riche, brillant, établi à Québec depuis plusieurs années. Sans être amis, les deux hommes se connaissaient bien. Un instant ils gardèrent un silence embarrassé, et pendant ce court intervalle ils échangèrent un regard qui valait de longues explications. Lamirande put lire sur le visage du jeune Français le dépit, la crainte, la colère, la rage même ; tandis que Montarval resta comme interdit sous l’empire de ces yeux qui, il le sentait bien, plongeaient jusqu’au fond de son âme.

Ce fut cependant Montarval qui, payant d’audace, rompit le silence :

— Que venez-vous faire ici ? dit-il sur un ton hautain et provocateur.

— Je viens soulager votre père, puisque vous l’abandonnez aux soins des étrangers, répondit Lamirande avec calme.

— Ah ! c’est comme cela que vous écoutez aux portes, hypocrite que vous êtes, s’écria Montarval hors de lui-même.