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POUR LA PATRIE

ne voyait que les livrées de la saison rigoureuse.

Aux Trois-Rivières, il y a un arrêt de quelques instants. Un jeune employé du bureau de télégraphe monte sur le train et parcourt les différents wagons, criant d’une voix nasillarde : « Monsieur Lamirande est-il ici ? Un télégramme pour monsieur Lamirande. » Ces paroles banales tombent sur l’âme de Lamirande comme une montagne. Le malheureux se sent écrasé, anéanti. Il fait signe à Vaughan de prendre le télégramme. Quelles terreurs, quelles angoisses peut causer parfois un petit carré de papier jaune ! Vaughan n’ose pas présenter le télégramme à Lamirande qui le regarde avec une sorte d’épouvante. Ce chiffon insignifiant est pour lui un objet de terreur.

— Ouvre-le et lis, dit Lamirande. Mon Dieu ! ajoute-t-il, donnez-moi la force de subir cette épreuve en chrétien !

Vaughan décachète et déplie le papier d’une main agitée. Il lit :

« Couvent de Beauvoir, 2 heures de l’après-midi. À monsieur Joseph Lamirande à Trois-Rivières, sur le train venant d’Ottawa. Marie