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Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/403

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POUR LA PATRIE

tous les doutes sur la réalité de la vie future qui hantaient mon esprit se sont évanouis à l’instant. Mais ce n’était pas là la foi qui sauve. À mesure que la lumière se faisait dans mon intelligence, mon cœur semblait s’endurcir davantage, le voile s’épaississait toujours. Si ta fille était restée en vie, je serais sorti d’ici aussi croyant que toi, mais nullement converti. Pour que tu aies pu renoncer au bonheur de garder ton enfant, il a fallu qu’un fleuve de grâce se répandît sur toi. Je l’ai senti. C’était comme un torrent qui, après avoir rempli ton cœur, s’est débordé sur le mien. Ce torrent m’entraînait, et, cependant, j’aurais pu résister. Je n’ai le mérite que de m’être laissé emporter. Mon cœur s’est subitement amolli, le voile s’est déchiré. Me voici non seulement croyant mais converti, c’est-à-dire voyant le ciel et voulant y arriver. Ta sublime abnégation a été l’instrument dont Dieu s’est servi pour faire de moi un disciple de Celui qui a exaucé ta prière et à Qui tu as librement sacrifié ton dernier bonheur ici-bas.

Les deux amis s’embrassèrent longuement.

Le Père Grandmont s’étant approché d’eux, Vaughan lui dit :