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POUR LA PATRIE

satisfaction dans la prière, quand même il te semblerait que tu n’aimes plus Dieu et que Dieu ne s’occupe plus de toi. C’est que la prière faite dans la sécheresse peut être plus agréable au ciel que les oraisons qui sortent sans effort du cœur plongé dans la ferveur sensible. C’est sur les rochers arides, plutôt que sur les terres plantureuses, que l’on trouve les fleurs aux nuances les plus délicates, au parfum le plus exquis.

L’entretien fut interrompu par les préparatifs du départ. Lamirande, accompagné par Vaughan et le Père Grandmont, se rendit une dernière fois à la chambre mortuaire. Longtemps, il regarda sa fille bien aimée. La nature réclama ses droits : il versa d’abondantes larmes qui n’avaient cependant rien d’amer. Puis, triomphant de cette dernière faiblesse, il s’écria :

— Mon Dieu ! je Vous remercie des bienfaits que Vous venez de répandre sur nous. En retour d’un léger sacrifice, Vous m’avez accordé la conversion de mon ami, et par cette conversion, Vous avez assuré l’avenir de la patrie. Le sacrifice est en effet léger aux yeux de la foi, bien qu’il ait déchiré affreuse-