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POUR LA PATRIE

trouble étrange qu’il ne pouvait s’expliquer. Il avait le pressentiment que le dénouement approchait, et qu’il lui serait fatal ; et ce voyage lui semblait avoir quelque rapport, qu’il ne pouvait ni découvrir ni même soupçonner, avec la ruine prochaine de tous ses projets. Une heure avant le commencement de la séance, il se renferma dans une pièce secrète de la maison qu’il occupait, pièce où personne ne pénétrait jamais, sous aucun prétexte. Cette chambre, toute tendue de rouge, était un temple satanique. Les hideux emblêmes du culte infernal s’y étalaient. Montarval, en proie à une sombre agitation, se plaça devant une sorte d’autel où brûlait de l’encens et commença une horrible évocation :

— Viens, Eblis ! Dieu de la désolation infinie et du désespoir sans bornes ; Inspirateur de toute révolte contre les lois cruelles de Jéhovah, de toute haine de l’abjecte vertu et de l’infâme sainteté ; Sublime Auteur de tout orgueil, de tout crime, de tout péché, de toute douleur, de toute mort, de tout ce que les prêtres d’Adonaï appellent le mal ; Vaillant Destructeur de la tyrannie éternelle, Ennemi Implacable du Christ, de son Église, de ses prêtres ;