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POUR LA PATRIE

sinon de l’auditoire, du moins de celui qui parle, en le dispensant du travail d’arranger ses phrases ou de courir après les idées. Si les quelques amis qui restent pour assister l’orateur s’aperçoivent qu’il patauge trop et que le président est à la veille de lui ôter la parole ; ils trouveront le moyen de faire naître un incident quelconque pour lui donner le temps de se ressaisir. Enfin, quand il est tout à fait au bout de ses ressources, on lui fait signe de s’asseoir, un autre prend sa place, et recommence les mêmes citations émouvantes de Todd, de May et de Bourinot. Peu à peu, les esprits se détendent, on se défâche à gauche, on s’amollit à droite, et l’on finit par en arriver à un compromis quelconque. C’est la fin ordinaire de ces séances qu’on prolonge ab irato.

La mémorable séance du dernier parlement de la Confédération canadienne, commencée à trois heures du 25 mars 1946, ne devait pas se terminer par un compromis, mais par la défaite des uns et le triomphe des autres.

Toute la nuit, la discussion fut animée : ce n’était pas encore un débat purement factice. Plusieurs députés français, Leverdier entre