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POUR LA PATRIE

francs-maçons, de farceurs politiques, de brasseurs d’affaires malpropres, et pas un de nos amis. Ce sera merveilleusement assommant, mon cher…! Si nous n’y allions pas, après, tout…

— Non, reprend son compagnon, faisons ce sacrifice. Je t’assure que je n’y vais pas par goût. Ces dîners où l’on reste des heures à table, où les mets sont apprêtés avec une recherche efféminée, où l’on mange simplement pour manger, me paraissent inspirés beaucoup plus par le démon de la gourmandise et de l’intempérance que par l’ange de l’hospitalité. Cependant, en soi, ce n’est pas un mal d’assister à un dîner politique, et nous avons besoin de nous mêler à cette réunion. Nous dirons tout à l’heure, avant d’arriver, le Sub tuum, afin d’obtenir la protection de Celle qui, aux noces, de Cana, sollicita un miracle pour l’avantage de banqueteurs.

— L’idée est d’autant meilleure qu’aux dangers ordinaires des banquets s’ajoute pour nous l’ennui d’une dure corvée.

— C’est une corvée nécessaire, mon cher ami. Il nous faut absolument savoir, dans la crise actuelle, ce que tous ces illustres gredins