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LE CONCLAVE.

dans la pensée de les soustraire le plus possible aux influences du dehors. Du reste, dans les Congrégations qui précèdent le Conclave, on pourvoit à tout ce qui peut intéresser la santé des membres du sacré Collége ; des médecins habiles, des infirmiers expérimentés, sont désignés à l’avance pour donner leurs soins aux malades et aux infirmes.

On rencontre des hommes qui sourient de ces usages ; il les trouvent naïfs et d’un autre temps. Pourquoi n’en comprennent-ils pas « l’austère enseignement et la haute poésie ? » Tous ces signes extérieurs sont un symbole sublime de l’indépendance qui doit animer les Pères du Conclave. Ils vont être occupés à l’œuvre céleste de discerner celui que Dieu lui-même a choisi pour être son représentant en ce monde. Il est juste de les voir se soustraire aux malignes influences du siècle, qui ne pourraient qu’altérer la pure inspiration du ciel, et se livrer tout entiers aux influences salutaires de la réflexion et de la prière, par lesquelles l’Esprit-Saint parle aux hommes et leur fait connaître ses adorables volontés.

La chapelle est le seul lieu où les Éminences se trouvent ensemble. On les y convoque trois fois chaque jour. La première réunion est fixée à neuf heures, la seconde à onze heures, la troisième vers trois heures de l’après-midi ; ces deux dernières sont destinées aux opérations de l’élection. Dans celle du matin les Cardinaux assistent seulement à la sainte Messe[1].

Trois coups de cloche, à une demi-heure, d’intervalle chacun, avertissent les membres du conclave qu’ils doivent se disposer à quitter leurs cellules. Immédiatement après le dernier coup, un maître de cérémonies prononce à haute voix ces mots, en passant devant les cellules : Ad Capellam Domini : À la Chapelle du Seigneur.

On distingue trois modes différents d’élections pour les Souverains-Pontifes : l’Inspiration ou l’Acclamation, le Compromis, enfin le Scrutin et l’Accession.

L’élection par Inspiration, Acclamation est rarement usitée : l’histoire de l’Église n’en cite que peu d’exemples. Elle se réalise, comme son nom l’indique, lorsque les Cardinaux, entraînés par une force irrésistible, donnent unanimement leurs suffrages à l’élu de Dieu. On peut connaître à l’avance les circonstances qui font prévaloir ce mode d’élection sur les autres ; aussi est-il en dehors des prévisions et de la volonté des Cardinaux eux-mêmes. Du reste, les prescriptions de Grégoire XV exigent qu’il ne soit précédé d’aucun traité ou convention particulière, et que tous les membres présents du sacré Collège y concourent. C’est à cette seule condition qu’il est légitime.

Ainsi que le précédent, le mode d’élection par Compromis a peu d’application. Il se pratique, lorsque de graves difficultés

  1. Le premier jour du Conclave, le Saint-Sacrifice est offert par le doyen du sacré Collége ; tous les Cardinaux y participent en recevant la communion. Les autres jours, c’est le prélat sacristain qui célèbre la Messe. On y chante toujours le Veni creator.