Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les voir disparaître. Mais Pie IX, prêt à faire toute concession raisonnable à l’opinion publique, refusa noblement de faire injure à la mémoire de son prédécesseur en renvoyant tous les anciens ministres.

L’un des premiers actes de Pie IX, nous l’avons vu, fut d’accorder une amnistie à tous les condamnés politiques. Il n’imposait qu’une seule obligation aux amnistiés, celle de le reconnaître pour leur souverain légitime et de s’engager d’honneur à ne pas abuser de la grâce qui leur était faite. Presque tous ces ingrats manquèrent honteusement plus tard à leurs solennels engagements.

Grégoire XVI avait institué une commission de jurisconsultes chargée d’introduire dans les lois pénales et la procédure criminelle les améliorations qui pouvaient être désirables. Pie IX confirma cette commission et en étendit les attributions. Il modifia les lois concernant les journaux et établit, non la licence mais la liberté de la presse. Il s’occupait de l’élargissement des libertés municipales et civiles, cherchait à mettre l’instruction à la portée des plus pauvres, protégeait et encourageait l’agriculture, les arts, les sciences, l’architecture, la construction des voies ferrées, inaugurait des travaux publics considérables et restreignait ses dépenses personnelles. Et le monde était dans l’admiration. Cependant, à Rome l’orage commençait à gronder dans le lointain. Tout en acclamant Pie IX, on insultait à ses ministres et à la mémoire de son prédécesseur. Déjà, le 8 septembre 1846, on avait osé crier en présence du Pape : Vive Pie IX seul. Quelques jours plus tard on ajoutait : À bas les jésuites ! À mort les rétrogrades. Avant de frapper le souverain, on frappait ses fidèles. C’est ainsi que font toujours les révolutionnaires.

Nous avons vu Pie IX roi, voyons-le maintenant chef de l’Église. Il aimait à visiter les prêtres et les religieux de Rome, à les réunir, à s’entretenir familièrement avec eux, à leur donner de paternels conseils.

Le 17 juin 1847, il adressa une encyclique à tous les Supérieurs généraux, aux abbés, aux provinciaux et aux autres chefs des ordres réguliers, les rappelant tous à l’observance stricte de leurs règles et plus particulièrement au devoir de l’étude. Il institua une congrégation spéciale dite des Ordres religieux. Il visitait les couvents et les monastères sans se faire annoncer et veillait lui-même à ce que ses recommandations fussent observées.

Malgré ses nombreuses occupations de roi temporel et de chef de la Chrétienté, Pie IX n’oubliait pas qu’il était aussi