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mettre fins aux douleurs de l’Église spoliée par le pouvoir civil, protestation contre les fameux articles organiques, subrepticement ajoutés au concordat par Napoléon Ier, voilà quelques-uns des grands travaux apostoliques que Pie IX accomplit à cette époque.

La haute Italie était agitée par une guerre contre l’Autriche. Pour garder ses frontières d’une invasion, Pie IX dut armer à son tour et il décida d’envoyer dix-sept mille hommes à Ferrare et à Bologne. Alors les révolutionnaires, affectant de se méprendre sur la portée de cette mesure de précaution, recommencèrent les clameurs contre l’Autriche. Le général Durando, à qui le Pape avait confié le commandement de son armée d’observation, osa afficher un ordre du jour qui équivalait à une déclaration de guerre. Pie IX se hâta de répudier les paroles de Durando et d’affirmer hautement qu’il n’entendait pas déclarer la guerre à l’Autriche.

Alors, la tempête révolutionnaire, mal contenue depuis longtemps, éclata dans toute sa fureur. On parlait froidement de massacrer tous les prêtres et de proclamer la déchéance du Pape. La populace proférait contre Pie IX toutes sortes d’injures et demandait à hauts cris un ministère libéral et laïque. Pie IX dut céder de nouveau à la force des circonstances ; le comte Mamiani, révolutionnaire prétendu modéré, fut appelé au Quirinal et prié de former un cabinet laïque. Pie IX exigea toutefois que le ministre préposé aux affaires ecclésiastiques fût un cardinal. Mamiani fit accepter à ses collègues, non sans peine, le cardinal Ciacchi, le membre le moins impopulaire du sacré Collège.



CHAPITRE VII.

Pie IX patriote.


L’amour de la justice, voilà l’unique mobile des actes de Pie IX. Lorsqu’un homme aime réellement la justice, il ne permet pas plus qu’on empiète sur ses droits, qu’il ne permet qu’on lèse les droits d’autrui. Ainsi, tout en résistant aux clameurs des prétendus patriotes, tout en maintenant intactes ses prérogatives royales et tout en refusant, contre l’avis du haut conseil, de déclarer la guerre à l’Autriche, Pie IX n’oubliait pas son devoir de souverain italien. Il se fit l’avocat de l’indépendance