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SES ŒUVRES ET SES DOULEURS.

romaines, composées de prétendus patriotes qui avaient juré d’exterminer les Autrichiens, fut complète : ces braves retraitèrent sur Rome dans la plus grande confusion et allèrent courageusement se retrancher dans le Gésu.

Les clubistes, les révolutionnaires et les députés ne firent que redoubler leurs clameurs : « Que Pie IX se mette lui-même à la tête de l’armée, » disaient les uns. « Qu’il lance les foudres de l’anathème contre les Autrichiens, » criaient les autres. On le voit, à cette époque, les radicaux n’étaient pas opposés à l’influence dite indue de l’Eglise en matière politique. Les choses se sont modifiées depuis 1848. Je me trompe, les révolutionnaires seuls ont changé. Je me trompe encore. Les révolutionnaires sont toujours les mêmes, fourbes et méchants ; ils n’ont fait que changer de tactique pour mieux combattre les combats de Satan. Eux qui voulaient faire parler le Pape, il y a trente ans, afin d’atteindre plus facilement leur but, ferment aujourd’hui la bouche au prêtre parce que son silence leur est nécessaire.

Au lieu d’excommunier les Autrichiens en bloc, suivant le désir des révolutionnaires, Pie IX offrit des explications à l’empereur au sujet de la violation de la frontière par Durando, violation qui s’était faite contre les ordres formels du Souverain-Pontife. L’Autriche se déclara satisfaite, et la ville de Ferrare fut de nouveau évacuée.



CHAPITRE VIII.

Pie IX roi.

« Pie IX prie, bénit et pardonne » dit un jour le comte de Mamiani à la chambre des députés. Il voulait donner à entendre par ces paroles mielleuses que Pie IX régnait mais ne gouvernait plus, qu’il était réduit à la position d’un monarque constitutionnel, c’est-à-dire qu’il n’était plus roi.

La réponse de Pie IX ne se fit pas attendre. « Oui, Pie IX prie, bénit et pardonne, dit-il ; mais il lui appartient également de lier et de délier, et si, afin de pourvoir plus efficacement à la sauvegarde des intérêts publics, le prince a appelé les chambres à coopérer avec lui, le Pontife a besoin de sa liberté d’action pour tout ce qu’il croira devoir opérer dans l’intérêt de la religion et de l’Etat. Cette liberté doit être absolue. » Voilà le fier langage, digne d’un pape et digne d’un véritable roi, que