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Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/52

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être amis de la Révolution, voulaient faire de la prudence humaine. L’ordre fut rappelé, et Pie IX fut abandonné à la fureur de ses ennemis.

Après une héroïque défense, la ville d’Ancône, où Lamoricière s’était réfugié avec les quelques soldats échappés au massacre de Castelfidardo, et où le général Courten et le colonel Kanzler étaient allés le rejoindre, dut capituler le 28 septembre.

La prise d’Ancône fut signalée par un acte de lâcheté sans précédent dans les annales de la guerre. Pendant qu’on discutait les conditions de la capitulation avec le commandant de la flotte piémontaise, l’armée de terre, sous le commandement de Cialdini et de Fanti, recommença le feu sur toute la ligne, et ce bombardement dura douze heures, malgré les signaux annonçant que les assiégés avaient abandonné le feu, malgré une lettre de l’amiral Persano qui protesta lui-même contre cette infamie.

Tandis que le gouvernement français déclarait déchus de leur titre de Français ceux qui étaient allés mourir pour la cause que la France soutenait encore officiellement, le monde catholique rendait hommage aux martyrs de Castelfidardo. Pie IX les glorifia dans le consistoire du 28 septembre 1860, et fonda à leur intention, sur ses deniers privés, la chapellerie de Castelfidardo pour la célébration annuelle et à perpétuité de cent messes. Il fit à Pimodan des funérailles magnifiques et offrit à Lamoricière le titre de comte romain ; celui-ci refusa. Alors le Pape lui écrivit : “Je vous envoie du moins ce que vous ne pouvez pas refuser, l’Ordre du Christ, pour lequel vous avez combattu, et qui sera, je l’espère, votre récompense et la mienne.”



CHAPITRE XX.

Les Martyrs du Japon.


Détournons un instant nos regards de ces scènes pénibles pour les porter sur un événement glorieux mais qui rappelle un douloureux souvenir.

Au commencement de l’année 1862, Pie IX invita les évêques et les fidèles à venir assister à la canonisation de vingt-six bienheureux, martyrisés au Japon en 1597. Un nombre prodigieux de pèlerins répondirent à l’appel du Souverain-Pontife. Trois cent vingt-trois cardinaux, patriarches et évêques, plus de