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disiez : Tu as été récompensé sur la terre. Non, pas à moi, mais à vous, ô mon Dieu, à vous seul l’amour des chrétiens ! ”

On eut l’heureuse idée d’exposer dans une des salles du Vatican les dons qui furent faits au Pape à l’occasion de cette fête. S’arrêtant devant ces témoignages du dévouement de l’univers catholique, Pie IX s’écria : “Enfin, moi aussi j’ai mon exposition universelle ; elle est le produit, non de mon industrie, mais de l’amour de mes enfants.” Ensuite, regardant les nombreuses adresses qu’on lui avait présentées : “Voici, dit-il, la véritable expression du suffrage universel catholique.”

Mais ces joies étaient mêlées de douleurs. En France, le Père Hyacinthe venait d’apostasier, et le gouvernement mettait des entraves à l’éducation chrétienne ; en Belgique, la secte des solidaires faisait des progrès ; en Espagne, la révolution dépouillait de nouveau les églises. À la fin de 1869, un deuil de famille attrista l’âme si affectueuse de Pie IX ; son frère aîné, le comte Gabriel Mastaï, mourut à l’âge de quatre-vingt-dix ans.



CHAPITRE XXVIII.

Le Concile du Vatican.


Voici venir le grand événement annoncé en 1867. Le 29 juin 1868, Pie IX publia une bulle convoquant le concile œcuménique ou général, qui devait s’ouvrir le 8 décembre 1869. Le Pape invita aussi les évêques schismatiques d’Orient de se rendre au concile, “afin que nous voyions, disait-il, après une trop longue période de division, se lever l’aurore brillante et pure de cette union qui est dans nos vœux.” Aucun évêque schismatique ne se rendit à cette invitation. Quant aux évêques protestants, le Pape les invita, non à prendre part au concile, car c’eût été reconnaître la validité de leurs titres, mais à venir à Rome, exposer leurs arguments. “Bien loin de repousser personne, dit-il dans une bulle, nous allons au-devant de tous."

L’univers entier se préoccupait de la prochaine réunion des évêques du monde catholique. On discutait d’avance la question de l’infaillibilité du Pape que l’on croyait devoir venir devant le Concile. Il y avait des anti-infaillibilistes et des anti-opportunistes, même parmi l’épiscopat. Grâce à Dieu, il n’y a plus aujourd’hui, parmi les fidèles et parmi le clergé, que des infaillibilistes.