Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/86

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pièce lie deux francs qu’il déposa solennellement sur la table du Souverain-Pontife.

Le Saint Père, à ces mots, ne put s’empêcher de sourire, et tout ému de la naïveté du bon soldat : “Mon ami, dit-il, reprenez vos deux francs et gardez-les pour vous ; je vous les donne. Recevez en outre ce chapelet. Demain je dirai la messe pour votre village et je serai son aumônier, vous y viendrez vous-même, je vous attends.”

Le soldat sortit tout fier et tout heureux de son ambassade, et il va sans dire que le lendemain, il se garda bien de manquer au rendez-vous indiqué par le Vicaire de Jésus-Christ.

Un grand seigneur se lamentait sur la corruption de la société actuelle et semblait croire qu’il n’y avait pas moyen de la corriger. “Pardon, s’écria Pie IX, je connais un excellent moyen à ce grand mal. — Lequel, très-Saint-Père. — C’est que chacun commence par se réformer lui-même.”

Le ministre de la police vint un jour dire à Pie IX : “Très Saint-Père, les révolutionnaires de Rome cherchent à se manifester par un signe extérieur de ralliement ; ce signe consiste à porter un chapeau pointu, mais aplati de manière à former un creux. Que faut-il faire ? ” Le Saint-Père lui répondit : “Faites porter ce chapeau par quelques hommes de votre police et demain il aura disparu.” Ce procédé réussit complètement.

On vantait un jour devant le Pape certain diplomate, dont l’espèce est trop connue : “Ne me parlez pas, dit-il, de ces visages toujours souriants et de ces consciences toujours accommodantes. Celui-ci, par exemple, a sans cesse à la bouche des protestations de parfait catholicisme ; mais si son maître lui ordonnait de me jeter en prison, il viendrait me dire la chose à genoux, et sa femme me broderait des pantouffles.”

Quelques exaltés faisaient circuler une caricature représentant Pie IX sous la forme d’une tortue. Pie IX la vit. Vraiment, dit-il, je voudrais l’avoir faite. Oui, j’avance lentement mais, j’avance toujours. Je suis tortue, mais je ne suis point écrevisse.”

Pie IX s’était arrêté, en 1867, à Alatri. Tout à coup, une femme, portant sur la tête un panier recouvert, entre au palais où demeurait le Pontife. Elle avance dans les appartements, mais elle est arrêtée et reconduite à la porte.

Aussitôt elle commence à crier, disant qu’elle veut voir le Pape, et dans ce dessein elle cherche de nouveau à pénétrer vers lui. Le Saint-Père entend le bruit, s’informe et ordonne qu’on laisse venir la visiteuse. Celle-ci, toujours son panier sur la tête, passe fièrement, et, déposant son fardeau aux pieds de