Page:Tardivel et Magnan - Polémique à propos d’enseignement entre M. J.-P. Tardivel et M. C.-J. Magnan, 1894.djvu/51

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que l’État soutienne et protège l’École, mais d’un autre côté vous lui dites : reste à la porte, tout comme à un serviteur indigne. La citation ci-dessus ne comporte nullement la séparation de l’Église et de l’État sur le terrain de l’Éducation. Loin de là, et la dernière partie souligné par M. Tardivel : « Il sera généralement utile et louable que les catholiques étendent leur action au delà des limites de ce champ trop restreint et abordent les grandes charges de l’État », n’indique-t-elle pas aux catholiques qu’ils doivent prendre part aux choses de l’État afin de christianiser les lois ; car, on ne saurait soutenir que Léon XIII désire que les catholiques s’occupent de politique dans l’unique but de profiter du patronage gouvernemental. Et de toutes les lois civiles, quelle est celle qui a le plus besoin de reconnaître et de respecter les droits de l’Église, sinon celle qui regarde l’éducation ? Dès lors, n’ai-je pas raison d’appliquer au pouvoir politique cette parole de Léon XIII : « Les catholiques doivent s’appliquer surtout à faire en sorte que l’autorité publique pourvoie à l’éducation religieuse et morale de la jeunesse ».

En interprétant ainsi la doctrine de Léon XIII, je puis me tromper. Mais dans ce cas, je suis en bonne compagnie. Voici comment Son Éminence le cardinal Taschereau s’exprimait, dans une lettre au premier ministre de la province de Québec, en date du 10 septembre 1886 :

« Je saisis cette occasion pour dire de nouveau combien notre système d’éducation a été admiré à Rome par les hauts personnages à qui j’en ai fait connaître les grandes lignes pendant mon séjour dans la Ville Éternelle, en 1881. Plusieurs m’ont dit qu’il serait à souhaiter que dans le monde entier les droits de l’Église,