Page:Tardivel et Magnan - Polémique à propos d’enseignement entre M. J.-P. Tardivel et M. C.-J. Magnan, 1894.djvu/6

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voudrais bien ne pas être trop sévère. Je voudrais faire large et généreuse la part du dévouement et des sacrifices de notre corps enseignant. Mais je ne puis taire cette vérité que l’enseignement donné dans un trop grand nombre de nos écoles primaires présente un côté plus défectueux encore que la faiblesse des études elles-mêmes. Nos enfants sortent des écoles, en général, sans la moindre ambition d’accroître, ni même de conserver ce qu’ils ont appris ».

À qui la faute ? qui est responsable d’un si grand malheur ? — L’esprit public, ne craint pas de répondre le courageux ministre. Mais, plutôt, écoutons l’honorable M. Nantel lui-même :

« Ce qui est plus grave, ce qui réduit notre enseignement élémentaire à un état d’infériorité qu’on ne saurait cacher, c’est l’apathie, générale dont il est entouré. On semble se dire que, la cotisation payée, le contribuable n’a plus rien à faire, l’action du clergé devant suffire, serait-il privé de tout autre concours de la part de ces mêmes contribuables.

« Quelle différence disent ensuite nos réformateurs, entre les résultats obtenus chez nous et chez nos voisins Haut-Canadiens et Américains ? Oui, répondrais-je, mais quelle différence aussi dans le sentiment public au sujet de l’éducation !

« Quels sacrifices ne s’impose-t-on pas là-bas pour une cause que l’on regarde comme la cause de toute la nation, la cause de l’avenir du pays ? »

M. l’abbé S. Corbeil, prêtre, qui a fait une critique très judicieuse de la conférence de M. Nantel, affirme la même chose en termes remarquables :

« Avec M. le ministre, je suis prêt à accuser l’esprit public. Fils d’un instituteur qui, malgré ses hautes qualités pédagogiques, ne fut point à l’abri de procédés