Page:Tardivel et Magnan - Polémique à propos d’enseignement entre M. J.-P. Tardivel et M. C.-J. Magnan, 1894.djvu/75

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Puis, vient ensuite le passage que nous avons cité dans l’Enseignement primaire' du 15 juin et qui conclut à la théorie : l’Église et l’État dans l’École. Enfin son Éminence termine sa lettre par les paroles suivantes :

« Sans doute ces lois (les lois d’éducation de la province de Québec) ne sont pas exemptes des imperfections inhérentes à la pauvre nature humaine, soit dans leur rédaction, soit dans leur mise en force ; mais le temps, l’expérience et la bonne entente entre l’Église et l’État donnent lieu d’espérer qu’on pourra au moins se rapprocher de cet idéal que l’on n’atteindra jamais[1] ».

En 1870, S. G. Mgr Baillargeon, archevêque de Québec, prenait une attitude identique à celle de notre vénéré cardinal, à l’égard de cette importante question de l’éducation de la jeunesse. Voici comment il s’exprimait, au retour d’un voyage à Rome, dans une circulaire au clergé, en date du 31 mai 1870 :

« Jésus-Christ a dit à l’Église : Docete omnes gentes… docentes eos servare omnia quœmcumque mendavi vobis. (S. Mat. XXVIII). À elle seule donc a été confié l’enseignement de la doctrine de Jésus-Christ, depuis les éléments du catéchisme, jusqu’aux plus sublimes vérités de la théologie. Par sa constitution divine, elle a le droit et le devoir de veiller à ce que la foi et les mœurs de la jeunesse chrétienne soient sauvegardées dans les écoles, et que ces biens précieux n’y soient point exposés au danger de se perdre. Et, comme il ne saurait y avoir de droit contre le droit, l’État ne peut jamais entraver l’autorité de

  1. Pour le texte complet de cette lettre de Son Éminence le cardinal Taschereau à l’honorable J.-J. Ross, voir l’Enseignement primaire du 15 octobre 1886.