Page:Tardivel et Magnan - Polémique à propos d’enseignement entre M. J.-P. Tardivel et M. C.-J. Magnan, 1894.djvu/84

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démolir cette objection en réfutant la proposition suivante du rédacteur de la Vérité :

« Du reste, les Canadiens-français n’ont pas à rougir de cette époque (Époque qui précéda l’Union). Les écoles étaient sans doute moins nombreuses alors, par rapport à la population, qu’elles le sont aujourd’hui. Il y avait à cette époque plus d’illettrés que de nos jours, moins d’instruction profane ; mais il y avait infiniment plus d’hommes de caractère, plus de fierté nationale, plus de foi vive, plus de patriotisme, plus de politesse, plus de bonne éducation religieuse et domestique. En un mot, les Anciens Canadiens étaient supérieurs, sous tous les rapports, aux Canadiens modernes ; et nous ne pouvons nous empêcher de croire qu’il aurait été préférable de garder nos écoles paroissiales et de les développer, plutôt que de les abolir virtuellement, pour les remplacer par les écoles publiques modernes ».

D’après ce qui précède, M. Tardivel veut évidemment mettre l’abaissement du niveau de nos mœurs politiques au crédit de la petite école. Nous repoussons de toutes nos forces une semblable affirmation. Le caractère de nos hommes publics a commencé à s’amoindrir le jour où les partis politiques furent organisés, c’est-à-dire vers 1848. Et depuis la Confédération, surtout, vingt-sept ans après l’établissement de notre système d’éducation actuel, qui n’est nullement moderne dans le sens donné par le confrère, l’esprit public a été absolument accaparé par l’industrie politique. À partir de cette époque, il n’y eut plus que des bleus et des rouges ; le but suprême de la plupart des hommes politiques fut le pouvoir, le patronage officiel, la soif de l’or et des honneurs. La presse salariée et la corruption électorale sous toutes ses formes furent mises à profit dans tous les endroits du pays. La politique de parti,