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ment de son avis. Ne serait-il donc pas temps de changer de système ? Nous le croyons. Un demi-siècle doit être suffisant pour mettre un système scolaire à l’épreuve.

Il est admis qu’en toute chose l’intervention de l’État tue l’esprit d’initiative particulière.

Ce qui fait qu’il n’y a pas d’esprit public dans notre province, lorsqu’il s’agit d’éducation, c’est que, peu à peu, notre population qui, comme toutes les populations latines, est essentiellement logique, a été gâtée par la fausse doctrine que la formation de l’enfance et de la jeunesse est une fonction gouvernementale ; tandis qu’en réalité elle est une fonction purement domestique et religieuse. Convaincus que l’éducation regarde surtout le gouvernement, nos gens ne s’en occupent guère plus que de l’administration des terres publiques. Soyons-en persuadés, le mal dont l’Enseignement primaire se plaint si amèrement a sa racine là et non ailleurs.

Le remède est donc tout indiqué : qu’on applique à l’éducation les vrais principes chrétiens. Qu’on reconnaisse, non en théorie seulement, mais en pratique, que la formation de l’enfance est une fonction domestique de par le droit naturel, et religieuse dans les pays chrétiens. Dans aucun état de société elle ne saurait être une fonction politique.

Mais comme, pour rester dans le domaine des choses pratiques, il faut une certaine organisation scolaire ; comme les familles ne sauraient généralement remplir leur devoir à l’égard de leurs enfants si elles restaient isolées les unes des autres, qu’on donne à cette organisation scolaire la forme qui est tout indiquée dans un pays comme le nôtre : la forme paroissiale et diocé-