Page:Tarride - De la médication arsenicale.djvu/39

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en effet, par la fraîcheur de leur teint, et ils jouissent de tous les attributs de la santé la plus florissante. Voici du reste, pris parmi le nombre, un cas cité par M. de Tschudi : « Une jeune vachère, bien portante d’ailleurs, mais maigre et pâle, et craignant pour cela d’être délaissée par son amant, eut recours au moyen connu, et prit de l’arsenic plusieurs fois par semaine. Le résultat désiré ne se fit point attendre : l’embonpoint, la fraîcheur, apparurent bientôt, et la jouvencelle devint potelée, joufflue, bref, tout au gré du jouvenceau, qui lui resta fidèle. Néanmoins, elle crut pouvoir encore ajouter à ses charmes, et elle força la dose ; mais la malheureuse imprudente était à bout, et elle mourut victime de sa coquetterie. »

De tels accidents ne sont pas rares, paraît-il, surtout parmi la jeunesse ; mais ordinairement le lit de mort déchire seul le voile du secret.

Le second avantage que les mangeurs d’arsenic se proposent de retirer de l’usage de cette substance, est de se donner du jarret, de se rendre plus volatils, comme ils le disent, c’est-à-dire de faciliter la respiration pendant la marche ascendante ; aussi, à chaque longue excursion qu’ils doivent faire dans la montagne, prennent-ils un petit morceau d’arsenic qu’ils avaient avec une bouchée de pain, un morceau de lard frais, ou qu’ils laissent fondre peu à peu dans la bouche. L’effet en est surprenant, dit M. de Tschudi ; ils montent alors aisément les hauteurs qu’ils ne sauraient gravir qu’avec la