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rendent plus féconde, il est vrai, l’application de la loi universelle, qui condamne l’homme à gagner son pain à la sueur de son front, mais le principe reste au fond le même.

Qu’on ne l’oublie pas.

Bien que l’on ne puisse avoir raison de suspecter notre franchise et notre véracité, nous avons cru devoir publier deux lettres que nous ont adressées plusieurs de nos compatriotes de Saint-Boniface, de Saint Jean-Baptiste, de Saint-Joseph et de Saint-Pie. Les signataires ont résidé à plusieurs endroits des États-Unis où ils sont bien connus, et leur témoignage, offert spontanément, donnera au nôtre plus de valeur et de force.


Saint-Boniface, Manitoba, 18 décembre 1879.
M. Élie Tassé,
Ottawa.


Monsieur,

Nous apprenons que vous préparez une brochure sur l’émigration à Manitoba, et nous désirons vous donner quelques renseignements qui pourraient peut-être vous servir, ou plutôt servir à ceux qui vous liront.

Nous sommes des colons venus de la Nouvelle-Angle terre et des États de l’Ouest depuis 1876, époque où a commencé l’émigration canadienne-française à Manitoba. Notre expérience du pays est suffisante pour nous permettre d’en parler avec connaissance de cause

Nous pouvons dire tout d’abord que pas un de ceux qui se sont établis d’une manière permanente en cette province ne regrette d’avoir quitté les États-Unis. Au contraire, tous se plaisent et aiment leur nouvelle patrie. Dans les villes manufacturières que nous habitions, nous réussissions à pourvoir au jour le jour à la subsistance de nos familles ; et c’était tout. Ici, nous vivons tout aussi bien, et nous avons l’agréable perspective de pouvoir amasser quelque chose pour nos enfants.

Nous sommes actuellement au village de Saint-Boniface, mais un bon nombre d’entre nous ont, dans les différentes paroisses, des terres sur lesquelles ils comptent aller s’établir avant longtemps.

Nos amis des florissantes paroisses de Saint-Jean-Baptiste et de Saint-Joseph pourraient, eux, parler de leurs superbes fermes et des magnifiques récoltes qu’ils ont eues cette année. Nous en connaissons plusieurs qui sont arrivés en cette province, en 1876 et 1877, sans argent, ou avec des sommes insignifiantes, et qui ont maintenant sur leurs terres, maisons, étables, dix à quinze animaux, instruments aratoires, et de quarante à soixante arpents en culture qui leur ont rapporté, cet été, 500, 800 et jusqu’à 1,200