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LE CHEMIN DE FER

M. Waddington a été incontestablement le plus ardent champion de cette entreprise. Exploration de la route, étude du caractère physique des Montagnes Rocheuses, publications, conférence devant la Société Géographique de Londres, voyages en Angleterre, aux États-Unis et en Canada, pétition à la Chambre des Communes d’Angleterre, démarches auprès des hommes politiques et des capitalistes, il a été sans cesse sur la brèche pour faire valoir la grande idée dont il s’était constitué l’infatigable promoteur.

Il allait voir enfin ses courageux efforts, qui indiquent un caractère fortement trempé et l’intelligence des grandes choses, couronnés de succès, lorsque la mort est venue l’étreindre brusquement à Ottawa, il y a quelques mois. Il a laissé à d’autres le soin de recueillir la moisson, mais son nom n’en demeurera pas moins inséparablement associé à cette entreprise[1].

Malgré le réveil de l’opinion publique, l’exécution de ce projet eut été différée encore bien des années, si l’annexion de la Colombie Britannique au Canada n’eut empêché tout autre atermoiement. En 1871, des délégués de cette province entamèrent des négociations avec le gouvernement canadien au sujet de son entrée dans la Confédération. Leur mission fut couronnée de succès et la construction du chemin du Pacifique fut définitivement arrêtée.

L’engagement conclu entre le Canada et la Colombie Britannique est conçu dans les termes suivants : « Le gouvernement canadien s’engage à faire commencer simultanément, dans les deux années de la date de l’union, la construction d’un chemin de fer du Pacifique aux Montagnes Rocheuses, et du point qui pourra être choisi, à l’est des Montagnes Rocheuses jusqu’au Pacifique, pour relier la côte maritime de la Colombie Britannique au réseau des chemins de fer canadiens, — et de plus à faire achever ce chemin de fer dans les dix années de la date de l’union. »

L’administration a déployé une grande activité pour faire honneur à cet important engagement. L’hon. M. Langevin s’est rendu dans l’été de 1871 à la Colombie Britannique pour examiner cette région et ses ressources, afin d’être en état de diriger, à bon escient,

  1. M. Frédéric Whymfer dans son ouvrage : Voyage et aventures dans la Colombie Britannique, l’Île de Vancouver et l’Alaska dit qu’il fit la connaissance de M. Alfred Waddington, lors de son voyage dans la Colombie Britannique, au mois de mars 1864. M. Waddington faisait alors exécuter à ses frais la route de Cariboo dans le but de faciliter la colonisation. Quatorze des ouvriers qu’il employait furent assassinés, le 30 avril 1864, par les sauvages Tchilicotes et M. Whymfer apprit que M. Waddington lui même avait été massacré. « Ces événements, » dit-il, « produisirent à Victoria une sensation profonde. Chacun déplorait la fin lamentable de M. Waddington et regardait sa mort comme une calamité publique. »

    M. Waddington n’est pas le premier personnage dont l’éloge funèbre ait été publié avant sa mort.