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Nous arrivons aux dernières maisons de Bordeaux-Saint-Clair, quand mon maître me dit : « Vous avez vu, François, comme c’est beau. »

Sur le seuil de la Guillette, Cramoyson nous attend. Mon maître lui serre la main : « Bonjour, mon bon Cramoyson, comment allez-vous ? » Et Cramoyson, très content de nous voir, répond : « Merci, Monsieur, merci, et vous-même ? »

Les provisions étaient faites ; à midi, j’annonce à ces messieurs qu’ils sont servis. Ils ne se firent pas prier. Quand on est debout depuis 6 heures du matin, à midi, l’appétit est ouvert. Aussi les œufs brouillés à la crème et les belles côtelettes de Vimont, le boucher, ne furent-elles pas de trop sur la table. À la fin du déjeuner, mon maître me regarde : « Avez-vous à manger pour vous et Cramoyson à la cuisine ? » Je répondis : « Oui, oui, Monsieur, merci. » Il pensait à tout.

Nos quatre journées furent bien employées, tant en visite aux maisons de Madame qu’en préparatifs pour la chasse ; il fallait des chiens, etc. Enfin, le dernier jour, dès le matin, mon maître me dit : « Vous emballerez les deux grands vases de vieux Rouen ; vous les mettrez dans les grandes caisses d’eau de Châtelguyon. Je vous prie de soigner l’emballage, je serais désolé qu’il leur arrivât malheur. Ils sont très beaux et très rares, puis ils me viennent de mon grand-père, qui était grand amateur d’objets d’art. Il avait une collection très intéressante dans son vieux château normand ; il adorait aussi la chasse, il avait de très beaux chevaux et la meute sûrement la mieux entraînée de Normandie. »


Paris, 24 avril. — Mon maître m’appelle : « Je ne sais si c’est le voyage, mais j’ai une forte