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Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/100

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au delà de la Chambre aux demoiselles. C’était l’endroit préféré de cet astronome ; de là il voyait mieux son ciel, il pénétrait mieux ses secrets ; c’est à cette place que depuis trente ans, il se creusait la tête pour voir ce qui se passait là-haut et signaler aussitôt aux journaux dont il était le correspondant ce qu’il avait pu apercevoir de nouveau. Monsieur me dit que M. Louis l’avait beaucoup intéressé. Il ajouta : « Je ne me serais jamais douté que je me trouvais près d’un homme de si haute valeur. »

Monsieur venait de temps à autre faire mouvoir cette carte du ciel. Je me demandais quelle idée il avait eu de faire de la cuisine son cabinet d’astronomie. J’appris plus tard que je n’étais pas étranger à cette fantaisie. Un soir, en revenant avec lui d’une excursion, je lui avais nommé plusieurs étoiles ; ce devait être peu de chose, car je ne connaissais que celles que mon père m’avait apprises quand j’étais enfant. Cela suffit pour diriger mon maître vers ces études.

Un matin, mon maître se trouvait près de sa carte, la faisant virer, cela durait depuis un bon moment, et la place était assez restreinte. Tout à coup, il me regarde en me disant : « Mais, vous faites du chocolat ? » Je réponds : « Oui, c’est pour la soirée. » Et je lui expliquai que pour qu’il fût bon, il lui fallait douze heures de bain-marie, avec la gousse de vanille. « Oh ! reprit-il, je ne trouve rien à reprendre, je conviens seulement que votre recette est excellente. »

Le mois de juillet est très chaud, Paff est étendu de toute sa longueur dans l’allée en face de la cuisine à l’ombre de la haie et du grand pommier sauvage qui donne de la fraîcheur au puits. Entre Paff et la haie Piroli a pris place, elle foule un peu la bordure de lierre placée sur le côté et, ramassée sur elle-même, elle pose