Aller au contenu

Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le maître qui disait : « Tu comprends, mère, pour plus tard il peut m’être utile avec ces quelques soirées qu’il va passer à la Villa des Fleurs, car il a bonne mémoire, voit très juste et sait bien rendre ce qu’il a vu. »

Deux jours avant de partir, Monsieur remit à la suivante de sa mère des billets pour le théâtre du cercle. On y jouait François les Bas-Bleus ; la plupart des artistes étaient de l’Opéra-Comique de Paris. Nous y sommes allés et avons passé une soirée très agréable.


Nous voici rentrés à Paris ; mon maître a à sa table un baron d’outre-Manche. Pour expliquer sa présence, je suis obligé de revenir un peu en arrière.

Dans le courant de l’année 1886, Monsieur avait été invité plusieurs fois à déjeuner par une baronne habitant les environs du Parc Monceau ; il y revint le printemps suivant. Il avait dans la maison son couvert toujours mis, mais il n’en abusait pas. Car malgré les attentions qu’on avait pour lui et qui le touchaient, il me disait que la vie mondaine l’obsédait.

C’est au cours d’un de ces déjeuners qu’il fit la connaissance du baron dont je veux parler. Par quel joint prit-il mon maître, je ne le sais. Toujours est-il qu’ils devinrent une paire d’amis et Monsieur l’invita à venir à Étretat. Pendant l’été, il s’y installa dix jours avec son valet de chambre ; on les logea dans une grande villa de Mme de Maupassant, où il y avait plus de confortable qu’à la Guillette.

La première matinée, mon maître lui fit voir la plage et ses gros galets, les Aiguilles. L’après-midi, il y eut réunion d’amis intimes et on joua aux boules. Le baron se mit à la partie ; il se tirait même assez bien d’affaire, sauf pour ramasser les boules par terre ; il était grand et,