Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/170

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profusion et embaument. Certains murs, sur la route de Fréjus, sont tout enguirlandés de roses et de différentes fleurs grimpantes. C’est ravissant ; il y a des endroits où l’on pourrait croire que des arcs de triomphe ont été dressés exprès pour la réception de quelque prince charmant qui habiterait dans ces immenses corbeilles de fleurs et de verdure.

Un jour, M. de Maupassant, en se promenant de ce côté, voulut emmener ses amis sur son Bel-Ami à Saint-Honorat, où disait-il, la végétation devait être très développée.

Le surlendemain, vers 2 heures de l’après-midi, toutes voiles dehors, par un temps superbe, le Bel-Ami croisait aux îles de Lérins. Monsieur avait tenu à m’emmener. Le retour fut calme, sans entrain. Le soir, mon maître détailla à sa mère la vue splendide que l’on a du promontoire et l’enthousiasme de ces dames, mais il resta muet sur l’impression de sa visite au cloître…

M. Riou, l’artiste peintre, est venu passer la journée à bord du Bel-Ami. Mme de Maupassant a consenti à accompagner son fils dans cette promenade en mer. Mon maître est enchanté, il aime beaucoup M. Riou et apprécie son talent ; il veut lui demander de faire une composition du Bel-Ami. Le soir, en dînant. Monsieur me disait : « Riou est tout à fait un maître dans son art ; du reste, l’Arrivée de Napoléon III en Égypte et l’Inauguration du canal de Suez sont de lui… Grand artiste ! »


10 mars. — Nous sommes de retour à Paris.

Le 16 paraît Fort comme la mort. Tout marche bien ; mon maître est content, il compte qu’au printemps, la vente sera sérieuse dans les Bibliothèques des chemins