Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/172

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Maupassant un volumineux paquet soigneusement emballé avec recommandation spéciale de ne le remettre qu’à « lui-même ». L’homme voulait attendre, mais quand je lui eus remis un bon pourboire, il n’insista plus et s’en alla. Bien lui en prit, car mon maître ne rentra qu’à 8 heures pour dîner. On défit le paquet ; c’était d’abord un très fort papier, puis un bulle et alors, bien alignées, une série de petites boîtes qui contenaient chacune une petite poupée mignonnette de dix à douze centimètres de hauteur. Il y en avait en tout vingt-quatre. Six étaient habillées en femmes du monde, avec des robes à traîne, superbement élégantes dans leur petite taille ; six autres étaient habillées en religieuses, tout en noir avec coiffes blanches ; elles étaient moins attrayantes que les femmes du monde, sous ce costume noir, mais elles avaient un cachet spécial, un genre austère tout à fait réussi ; puis six avaient le costume des religieuses dominicaines, tout en blanc ; elles étaient ravissantes. Les six dernières étaient des veuves habillées de crêpe ; avec long voile.

On les aligna toutes sur la table de la salle à manger et mon maître se mit à dîner. Pussy, la curieuse, voulait absolument sauter sur la table, pour s’amuser de ces jouets qui lui plaisaient sans doute, mais on craignait ses coups de patte.

Quant à Jacquot, le perroquet, à la vue du joli décor que faisaient ces petites poupées si fraîches et si jolies, il quitta son perchoir pour venir examiner cela de plus près, car, lui aussi, était pas mal curieux. Monsieur le laissa un peu sur la table. Ce perroquet était amusant, il tournait à droite, à gauche, tout en marmonnant, puis prenait des airs importants, faisait des saluts aussi gracieusement qu’il le pouvait ; en fin de compte, ce furent