Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/20

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dégringolant les marches quatre à quatre, entraîna la jolie enfant dans une descente victorieuse, mais désordonnée.

Lorsqu’ils furent partis, ce fut du délire, tout le monde se tordait, les uns pleuraient, les autres sautaient, il y en avait qui se roulaient. M. de Maupassant, se tenant les côtes, trépignait dans la joie que la farce eût si bien réussi. Il savait que le lendemain, dès l’aurore, le marquis déposerait un louis sur la cheminée de la belle et disparaîtrait à l’anglaise.


Le 15 décembre, je tenais en main un calendrier, quand mon maître ouvrit la porte du salon. Il avait la figure assombrie.

La veille, il était allé en soirée chez une Altesse et avait ramené une étrangère d’un blond roux, pas jolie, mais jeune et assez appétissante. Après le déjeuner, elle s’envola, mais pas pour longtemps ; à 4 heures elle était de retour ; elle dut attendre jusqu’à 6 heures et à 7 heures et demie, repartit, mon maître dînant en ville.

Le lendemain, à 9 heures du matin, elle était encore là. Cela dura quatre jours ; après quoi, mon maître me dit. « Faites-en ce que vous voudrez, moi je n’en veux plus… Elle me dit, chaque fois, qu’elle part pour Vienne et elle revient toujours… F…-la dehors, si elle vous y oblige ! »


Les invitations aux dîners et aux soirées pleuvaient. Nous en reçûmes un jour dix-sept !

« François, me dit M. de Maupassant, vous prépa-