Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/209

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brossé en trompe-l’œil par le peintre Marius Michel.

Un sergent de ville a pendu sa femme par les pieds et, pris d’une curiosité malsaine, il lui pratique une section dans le ventre, voulant voir des choses qu’il ne comprenait pas. Le sang coule à flots, du vrai sang. Comme couteau, le stylet de mon maître est fiché dans la plaie. L’effet est saisissant, surprenant de réalité ; aussi plusieurs de ces dames sont-elles impressionnées, elles se cachent les yeux pour ne plus voir.

Tout à coup, dans un groupe, on désigne l’assassin. Tout le public, aidé des pompiers, procède à l’arrestation du criminel, qu’on conduit immédiatement en prison. Au bout de quelques instants, le prisonnier roublard met le feu à sa prison et profite de la stupeur générale pour s’enfuir. Les pompiers font leur office, s’emparent de leurs lances et se mettent en devoir d’éteindre l’incendie. Mais plus ils y jettent d’eau et mieux cela brûle. C’est que cette prison est toute construite de bois et de paille et a été arrosée de pétrole. Dans les allées qui entourent l’incendie, tout le monde prend un réel plaisir à voir monter ces belles flammes, ce que constatent messieurs les pompiers, et, tout à coup, ils dirigent leurs lances sur des groupes de dames et laissent la prison se consumer à son aise. Des cris partent de tous côtés, un sauve-qui-peut se produit. Mon maître est obligé de nous envoyer pour faire cesser le jeu. Avec quelques serviettes, le mal est vite réparé. C’était là, entre parenthèse, une reconstitution, avec la charge en plus, du genre qu’exploita plus tard avec succès le Grand Guignol.

On reprit un peu haleine en allant au buffet dont Mme Leconte du Nouy faisait les honneurs avec sa bonne grâce naturelle. En ce moment sa belle tête d’ar-