Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/233

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plus longtemps le bruit du boulanger, mon maître se décide à partir pour Cannes. « Nous ne déménagerons, me dit-il, qu’au mois d’avril. » Chose singulière ! il semble me laisser ici avec une certaine satisfaction, que je ne m’explique pas : « Vous n’êtes pas assez bien portant, me dit-il, pour que je vous emmène. Du reste, vous aurez probablement d’autres crises de cette vilaine maladie. Reposez-vous, soignez-vous bien, je vous écrirai et vous donnerai des nouvelles de Madame. »

Du 12 janvier au 15 mars, date du retour de mon maître à Paris, je reçus plusieurs lettres, toutes à peu près pareilles :


« Mon bon François,

« Je vous remercie d’avoir fait mes commissions et d’être arrivé à un résultat chez l’éditeur. Je suis content que votre santé soit meilleure. Cherchez-moi un appartement pour avril ; qu’il soit bien confortable, avec salle de bain. Je m’en rapporte à vous ; ce que vous ferez sera bien.

« Madame est assez contente de sa santé pour le moment. Du reste, l’hiver, ses yeux sont toujours mieux.

« Croyez, mon bon François, etc… »


Je remarque que mon maître ne me parle pas de sa santé à lui.


Lorsqu’il revint à Paris, je le trouvai bien plus fatigué qu’au retour de notre voyage d’Italie.

Il n’avait plus ses caresses habituelles pour Pussy. Il est vrai que cette petite bête devenait de plus en plus sauvage, elle se sauvait à l’approche de tout le monde. Monsieur me dit qu’elle avait besoin de grand air et de