Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/284

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circonstance. Nous terminons notre tournée par la cascade de l’Enfer, qui tombe de très haut ; nous contournons le sentier de gauche et nous gagnons le glacier, que Monsieur trouve bien, « quoiqu’il en ait vu de plus imposants », dit-il.

Le guide a peine à nous suivre dans cette ascension ; aussi, de retour à l’auberge, on lui offre un cordial ; le cocher et lui, sont très surpris de voir mon maître et moi partir sans rien prendre à la buvette. Mais nous avons très chaud, et c’est bien enveloppés dans nos plaids que nous descendons cette jolie et fraîche vallée, en suivant les bords d’un ruisseau cascadeur dont la douce musique était comme un chant poétique exécuté au loin par des divinités mystérieuses dans quelque palais souterrain habité par des fées.

La quatrième journée, mon maître la passe à Luchon et, le soir, d’accord avec son médecin, il décide de ne pas continuer la cure. Les odeurs de soufre de l’établissement lui portent sur le système nerveux ; s’il s’obstinait à continuer, cela pourrait lui faire le plus grand mal, lui dit ce brave docteur espagnol. Puis, Luchon est si monotone ! C’est un entonnoir où l’on ne respire pas et où l’on ne voit le soleil apparaître au faîte des montagnes qu’à dix heures. Ne faisant pas d’équitation, on n’a jamais l’occasion de gravir ces monts sévères pour aller assister, sur les hauteurs, au lever de l’astre du jour…

À la suite de la décision de la Faculté, mon maître me fait les réflexions suivantes : « L’odeur du soufre est partout très forte ici. Dans l’intérieur de l’établissement thermal, c’est moins supportable encore que dans les mines de soufre que j’ai visitées en Sicile. »


Nous voici à Divonne-les-Bains. Mon maître désire